Le journaliste multi récompensé Andrew Nagorski explore la période de la Shoah, les idées du psychanalyste sur Israël et son exil forcé à Londres.
Sigmund Freud était l’un de ces visionnaires du premier conseil d’administration de l’Université Hébraïque de Jérusalem parmi Albert Einstein, Chaim Weizmann, Martin Buber…
Le 15 mars 1938, trois jours après le passage des soldats allemands en Autriche, quelque 250 000 personnes font un triomphe à Adolf Hitler, venu annoncer depuis le balcon de la Hofburg, le palais impérial de Vienne, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie.
L’Anschluss entraîne de nombreuses arrestations à Vienne et déchaîne une vague de violences antisémites. Des Juifs sont frappés et tués, leurs magasins pillés et des dizaines de personnes se suicident. Au tout début de la prise de contrôle de l’Autriche par l’Allemagne, Sigmund Freud occupe encore sa résidence et son bureau de Berggasse 19, dans le 9ème arrondissement de Vienne. « Finis Austriae [la fin de l’Autriche] », observe le neurologue et fondateur de la psychanalyse dans son journal, au moment des faits.
« En tant que Juif, connu de surcroît pour ce que la plupart des responsables nazis dénoncent comme [une] pseudoscience juive, [Freud] était naturellement en danger », écrit Andrew Nagorski dans son nouveau livre Saving Freud, publié le 23 août dernier.
Nagorski se penche sur la manière dont Freud a fui la Vienne nazie et trouvé refuge à Londres, et cela commence par un voyage en train en direction de Paris, le 4 juin 1938. Le voyage n’est pas facile et nécessite l’intervention de ce que Nagorski qualifie d’ « équipe de sauvetage ».
Le livre « Saving Freud », d’Andrew Nagorski. (Courtoisie)
Ce groupe de disciples freudiens compte, entre autres, Ernest Jones, William Bullitt, Marie Bonaparte et la fille de Freud, Anna.
« Ces personnes étaient toutes différentes, hautes en couleurs, de toutes origines et nationalités, avec en commun leur dévotion à Freud et à ses théories », écrit Nagorski dans le chapitre d’ouverture du livre. « Ils ont tout fait pour que Freud accepte de quitter Vienne. »
Nagorski a passé plus de trente ans en qualité de correspondant et rédacteur en chef pour Newsweek à l’étranger, tour à tour en Allemagne, en Russie, en Pologne, en Italie et à Hong Kong. De 2008 à avril 2014, Nagorski a été vice-président et directeur du groupe de réflexion sur les affaires internationales « EastWest Institute ».
Ce journaliste américain d’origine écossaise a également publié « 1941 : L’année où l’Allemagne a perdu la guerre », « Chasseurs de nazis » et « Hitlerland : les témoins oculaires américains de l’ascension nazie ».