Une récente étude de l’Université Hébraïque de Jérusalem met en lumière une découverte significative : plus d’un cinquième des échantillons de cellules souches pluripotentes humaines, potentiellement utilisables en médecine régénérative, présentent des mutations liées au cancer.
Ces altérations, majoritairement acquises pendant leur culture en laboratoire, soulignent l’importance cruciale d’évaluer régulièrement les cultures cellulaires. Ces mutations ne compromettent pas seulement la croissance en culture, mais peuvent également influencer la trajectoire cellulaire lors de la différenciation. L’étude souligne ainsi la nécessité d’une vigilance accrue dans l’utilisation des dérivés de cellules souches, aussi bien en recherche qu’en applications cliniques, afin d’assurer des conclusions précises et des pratiques thérapeutiques sûres.
Les cellules souches pluripotentes humaines possèdent deux caractéristiques majeures : une capacité de prolifération apparemment infinie et la capacité exceptionnelle à se différencier en n’importe quel type cellulaire du corps humain. Ces propriétés en font un outil crucial pour la recherche sur le développement humain, la modélisation des maladies, la découverte de médicaments et surtout, une source de cellules pour la médecine régénérative.
Bien que ces cellules puissent être cultivées pendant des périodes prolongées, elles sont susceptibles d’acquérir des anomalies génétiques conférant un avantage sélectif en culture. Le laboratoire du professeur Nissim Benvenisty à l’Université hébraïque a été pionnier dans l’identification des gènes liés au cancer avec de telles mutations, développant un algorithme bioinformatique pour les détecter.
Face à la croissance de l’utilisation des cellules souches pluripotentes, les chercheurs Elyad Lezmi, Jonathan Jung et le professeur Benvenisty ont entrepris d’évaluer l’abondance des mutations dans ces cellules et leurs dérivés, utilisés dans la recherche et la clinique. Leur étude, récemment publiée dans Nature Biotechnology, a analysé plus de 2200 échantillons provenant de plus de 140 lignées de cellules souches pluripotentes humaines, révélant que 22 % d’entre eux présentaient au moins une mutation liée au cancer. Notamment, 70 % de ces mutations ont été acquises en culture, soulignant l’importance de surveiller également la période de différenciation.
P53, le gène suppresseur de tumeur le plus connu, était le plus fréquemment muté. Les chercheurs ont observé des similitudes entre les mutations en culture et celles présentes dans les tumeurs des patients. Ces altérations ralentissent la sortie de la pluripotence des cellules souches et leur différenciation en cellules spécialisées, soulignant l’impact sur la transition du destin cellulaire, une préoccupation majeure dans la recherche et les applications cliniques sur les cellules souches.
Jonathan Jung, l’un des auteurs, souligne l’importance d’évaluer périodiquement les cultures pour éviter des conclusions trompeuses, particulièrement dans le contexte clinique. Cette découverte met en avant la nécessité d’une surveillance constante pour garantir l’intégrité des cellules souches utilisées à des fins thérapeutiques.
Source News Wise