Au sein de l’Université hébraïque de Jérusalem, le Professeur Daniel Rosenfeld et son équipe ont fait des découvertes déconcertantes qui pourraient remettre en question les prévisions actuelles sur le niveau du réchauffement climatique de la planète. Ces travaux s’inscrivent dans l’un des axes de recherche de l’Université, à savoir protéger la planète. C’est aussi celui l’un des objectifs de la campagne 2019 de l’Association UHJ-France.
Et si, finalement, les carburants plus propres avaient des effets dévastateurs pour le climat ? Est-ce qu’ils n’aggraveraient pas encore le réchauffement climatique au lieu de le réduire ? Ce sont les questions que posent, tout au moins indirectement, les travaux effectués par Daniel Rosenfeld, Professeur de Sciences atmosphériques de l’Université hébraïque de Jérusalem. Pour lui, une chose est sûre : les prévisions climatiques actuelles sont erronées. D’après Daniel Rosenfeld, elles ont largement sous-estimé les effets de la pollution atmosphérique.
Comment est-il arrivé à ce constat ? Certaines de ses recherches, récemment publiées dans la revue Science, montrent que le refroidissement de la terre a été largement sous-estimé. Concrètement, la composition des nuages est largement déterminée par les aérosols, ces derniers refroidissent donc notre environnement en renforçant la couverture nuageuse. Jusqu’à maintenant, les évaluations faites de ce refroidissement étaient peu fiables car il était impossible de séparer les effets des vents créant les nuages de l’impact des aérosols qui déterminent la composition de ces nuages.
Rosenfeld et son équipe, associé à son collègue chinois de Yannian Zhu de l’Institut météorologique de la province du Shaanxi, ont développé une nouvelle méthode utilisant des images satellites pour calculer de manière distincte l’effet des vents verticaux et le nombre de gouttelettes des nuages d’aérosols. Or, l’effet de refroidissement dû aux aérosols est deux fois plus élevé que prévu. Il y a donc un phénomène de compensation important entre les sources de refroidissement et celles du réchauffement. Autrement dit, si les aérosols n’existaient pas, le réchauffement climatique serait beaucoup plus important encore.
Ainsi, la planète se réchauffe alors que simultanément elle se refroidit beaucoup plus que prévu sous l’impact des aérosols, ce qui nous mène à une situation apparemment sans issue. En effet, si, on continue de réduire les aérosols pour améliorer la qualité de l’air en développant des carburants plus propres et en brûlant moins de charbon, on réduira les facteurs de refroidissement ce qui ne fera qu’aggraver le réchauffement climatique.
Rosenfeld fait une autre hypothèse pour expliquer le réchauffement de la Terre malgré les facteurs de refroidissement. Il envisage un possible réchauffement des aérosols dans les nuages profonds, c’est-à-dire à plus de 10 km de notre planète. Le Professeur Rosenfeld fait des recherches approfondies sur ce phénomène dans le cadre d’une collaboration entre l’Agence spatiale israélienne et le Centre national d’études spatiales (CNES) français. Une collaboration franco-israélienne qui conforte l’une des missions de l’UHJ-France à savoir multiplier les ponts entre les chercheurs de nos deux pays et qui répond à l’un des objectifs de la Campagne 2019 de l’UHJ-France, à savoir protéger la planète.
Rédaction Catherine Dupeyron