Les scientifiques alertent sur un risque mondial imminent alors qu’un important courant océanique est en voie d’effondrement.
Affaibli par le changement climatique, le courant océanique AMOC pourrait induire un refroidissement significatif en Europe, une élévation du niveau de la mer et un réchauffement de l’hémisphère sud.
Les climatologues avertissent d’un risque de refroidissement notable en Europe, suite à la révélation la semaine dernière de l’imminence de l’effondrement d’un des principaux courants océaniques de la Terre, causé par les effets du réchauffement climatique.
Ces inquiétudes ont été soulevées suite à une étude récente dirigée par le chercheur René M. Van Westen, affirmant que la circulation méridienne de l’Atlantique (AMOC), l’un des principaux courants océaniques mondiaux, est sur le point de cesser de fonctionner.
L’AMOC joue un rôle crucial dans la régulation des températures mondiales en transportant de l’eau chaude des tropiques vers la région de l’Atlantique Nord, incluant les zones entourant l’Europe, le Groenland et le nord-est de l’Amérique du Nord.
Cette redistribution de chaleur est essentielle pour réguler les températures dans ces latitudes plus élevées, influençant ainsi les climats régionaux et les modèles météorologiques.
Ainsi, l’effondrement probable de l’AMOC entraînerait un refroidissement notable de l’hémisphère nord, notamment en Europe, ainsi qu’une élévation potentielle du niveau de la mer le long des côtes de l’est des États-Unis.
Incertitude accrue
D’après Ori Adam, enseignant au Centre des Sciences du Climat de l’Université Hébraïque de Jérusalem et optimiste auto-proclamé concernant le réchauffement climatique, cette situation serait significative mais loin d’être catastrophique – en particulier si l’on prend en compte qu’elle pourrait potentiellement annuler certains des effets actuels du réchauffement climatique.
« Plaçons ceci dans son contexte. Supposons que cela se produise d’ici la fin du siècle : cela entraînerait un refroidissement très significatif et rapide de l’hémisphère nord. Ainsi, malgré le rôle potentiel du réchauffement climatique dans ce scénario, la réaction serait un refroidissement marqué de l’Europe, en opposition aux tendances de réchauffement que nous constatons actuellement », explique-t-il.
« Dans ce cas, l’hémisphère sud deviendrait plus chaud, car il ne recevrait plus autant de chaleur en provenance du nord », admet-il. « Cependant, étant donné que la plupart des continents se trouvent dans l’hémisphère nord, où vit la majorité de la population, les effets seraient moins ressentis. »
Adam souligne l’importance de reproduire cette étude avec d’autres modèles afin qu’elle puisse être « mieux comprise et peut-être mieux contrainte, et ainsi de suite. Cela ne fait qu’ajouter à l’incertitude quant à ce qui pourrait se produire d’ici la fin du siècle. »
Cela ne signifie pas pour autant que l’impact total serait négligeable.
Le Professeur Colin Price de l’Université de Tel Aviv met en garde contre les répercussions potentiellement dramatiques d’un effondrement du courant océanique. Selon lui, bien que cela puisse avoir un impact limité sur les températures mondiales, les conséquences économiques pourraient être graves pour les pays côtiers de l’Atlantique.
Il souligne que l’Europe pourrait être confrontée à des changements climatiques spectaculaires, affectant des secteurs clés tels que la viticulture, l’agriculture et les infrastructures côtières. Pour s’adapter à ces bouleversements, il préconise d’importants investissements et innovations, notamment la relocation des populations des zones côtières vulnérables et l’adoption de pratiques agricoles durables.
Malgré quelques retombées positives possibles, Price insiste sur le fait que les impacts négatifs seraient largement prédominants, soulignant ainsi l’urgence de lutter contre le changement climatique. Il plaide en faveur d’une transition vers les énergies renouvelables, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adoption de solutions innovantes dans divers secteurs, notamment l’énergie, les transports et l’agriculture.
Il souligne également que des efforts collectifs dès aujourd’hui sont essentiels, car même si nous cessons d’émettre des gaz à effet de serre, il faudra des décennies pour résorber l’excès déjà présent dans l’atmosphère, mettant ainsi en évidence la nécessité d’agir sans délai.
Comment se produit l’effondrement d’un courant océanique ?
La circulation méridienne de l’Atlantique (AMOC) figure parmi les principaux courants océaniques de la Terre, caractérisée par un flux continu et dirigé d’eau océanique. Ce mouvement est principalement induit par des forces telles que le vent, les gradients de température, les variations de salinité et la rotation de la Terre.
Ces courants suivent des trajets spécifiques à travers les océans du globe, exerçant une influence variée sur la dynamique océanique, le climat et la biodiversité marine.
En raison du réchauffement climatique, la fonte des glaciers a provoqué un important apport d’eau douce dans l’océan. Ce phénomène a entraîné l’enfoncement des eaux salées plus chaudes et plus denses vers le sud. Ces eaux salées enfoncées sont ainsi moins susceptibles d’être transportées vers le nord par l’AMOC, ce qui a entraîné son affaiblissement général.
Cette situation a entraîné des changements rapides dans l’AMOC, en particulier dans l’hémisphère nord, en réponse aux modifications climatiques. Alors que les modèles climatiques antérieurs n’avaient pas envisagé l’effondrement de l’AMOC comme un scénario probable, l’étude récente de van Westen suggère que cela pourrait en fait se produire.
Bien qu’il soit impossible de prédire exactement quand cet effondrement pourrait se produire, il est crucial de comprendre ses implications. Au minimum, cela nous rappelle l’importance de planifier nos voyages dans le pays du vin français avant que le climat ne se détériore davantage.