La parité hommes-femmes dans la recherche sur l’autisme : Les similitudes synaptiques remettent en cause la focalisation sur les hommes
La recherche sur les troubles du spectre autistique (TSA) s’est principalement concentrée sur les individus de sexe masculin, reflétant un taux de prévalence de 4:1 par rapport aux femmes. Cependant, des études récentes suggèrent une sous-estimation potentielle des TSA chez les femmes. Dans une nouvelle étude dirigée par le professeur Haitham Amal, de l’École de pharmacie-Faculté de médecine de l’Université hébraïque de Jérusalem, les différences synaptiques et comportementales spécifiques au sexe dans les modèles de souris atteints de TSA ont été étudiées, révélant ainsi des informations importantes sur cette maladie.
Perspectives sexospécifiques de l’autisme
L’étude, publiée dans Scientific Reports, a examiné de jeunes souris mâles et femelles présentant des mutations spécifiques liées à l’autisme, en les comparant à des souris normales. Les chercheurs ont utilisé deux modèles de souris différents présentant deux mutations d’origine humaine. L’objectif était de comprendre le fonctionnement de leurs connexions cérébrales en vérifiant certaines protéines dans leur cerveau. Ils ont également vérifié le nombre de petites structures présentes dans les cellules cérébrales à l’aide d’une méthode de coloration spéciale (Golgi).
Les résultats ont montré que les souris mâles et femelles présentant ces mutations avaient de nombreux points communs. Elles présentaient toutes une baisse importante de la densité de la colonne vertébrale et des niveaux de GAD1, NR1, VGAT et Syp (protéines de signalisation neuronale) par rapport aux souris normales. Cela suggère que leurs connexions cérébrales ne se sont pas développées correctement. Il est intéressant de noter que ces problèmes de connexions cérébrales étaient similaires chez les souris mâles et femelles, et qu’ils correspondaient à la façon dont elles se comportaient dans les tests mesurant la sociabilité. Les chercheurs ont également constaté que les déviations du comportement social étaient similaires chez les deux sexes.
Le professeur Haitham Amal, de l’Université hébraïque, a souligné l’importance de ces découvertes : « Notre étude souligne la nécessité de prendre en compte les deux sexes dans les recherches sur les TSA. Les similitudes observées dans les altérations synaptiques entre les souris mâles et femelles atteintes de TSA remettent en question la focalisation traditionnelle sur les mâles, ce qui incite la communauté scientifique à élargir son approche et à inclure les femelles dans les études sur les TSA ».
Ces découvertes ont des implications importantes pour la compréhension des aspects neurodéveloppementaux des TSA. Elles mettent en évidence la concordance des changements synaptiques et comportementaux chez les souris TSA mâles et femelles, soulignant la nécessité d’étudier les femelles en même temps que les mâles dans le cadre de la recherche sur les TSA. Cette étude appelle à un changement fondamental dans la recherche sur les TSA, en soulignant l’importance de prendre en compte les deux sexes pour bien saisir et aborder les complexités des troubles du spectre autistique.
Révolutionner la recherche sur les TSA
Cette étude représente une avancée vitale dans l’élucidation des complexités des TSA, marquant une étape importante dans la compréhension de la maladie au-delà de l’approche typiquement masculine.
À l’échelle mondiale, des fonds considérables sont consacrés à la recherche sur l’autisme, les estimations atteignant des milliards de dollars par an. Cependant, historiquement, une part importante de ce financement a été principalement consacrée à l’étude de l’autisme chez les garçons, reflétant la prévalence plus élevée chez les hommes. Des études suggèrent qu’il existe un déséquilibre considérable dans l’allocation de la recherche, avec beaucoup moins de ressources consacrées spécifiquement à la compréhension et à la prise en charge de l’autisme chez les filles. Les efforts visant à combler ce fossé et à allouer davantage de ressources à la compréhension des manifestations et des besoins uniques des filles sur le spectre autistique doivent être reconnus comme essentiels pour faire progresser la recherche et l’aide globales en matière d’autisme.