Dans les collines de Jérusalem, des histoires de cultes païens côtoient celles des religions monothéistes plus contemporaines. Depuis 2009, l’Université Hébraïque de Jérusalem et l’Université Bar-Ilan de Tel Aviv ont entamé des fouilles conjointes pour lever le voile sur les mystères de la grotte de Te’omim, un historique lieu de recueillement païen.
Leurs résultats, parus dans la Harvard Theological Review, au début du mois de juillet 2023, soutiennent que la grotte de Te’omim aurait servi à la nécromancie. D’après le papier d’Eitan Klein et Boaz Zissu, archéologues à l’Autorité des antiquités d’Israël et de l’Université Bar-Ilan, respectivement, la grotte cacherait un ‘’portail vers l’enfer”, selon certaines sources anciennes.
Trois crânes humains et des lampes à huile : les signes d’une pratique rituelle dans la grotte de Te’omim
Pendant les quatorze années de fouilles, les équipes des deux universités ont mis au jour, plus de 120 lampes à huile, des vases, ou encore, des pièces de monnaie. Les plus impressionnantes trouvailles restent tout de même les trois crânes humains trouvés à l’intérieur de crevasses difficiles d’accès. Aucun autre os humain n’a été détecté avec les crânes et ils étaient entourés de lampes à huile.
Les objets se trouvaient également à proximité d’une sorte de puits et d’une petite source, qui fraye son chemin jusqu’à une ‘’piscine’’ naturelle taillée dans la roche.
Compte tenu de leur emplacement (logés dans de profondes crevasses de la grotte), les archéologues israéliens ont déduit que les peuples anciens les ont délibérément disposés à des fins rituelles. Peut-être un autel ?
Des sources classiques qui soutiennent la thèse de pratiques de nécromancie
Il est démontré que la grotte de Te’omim, à Jérusalem, était un site important pour les païens à la fin de la période romaine, il y a environ 2 000 ans. Cependant, sur quoi se basent les archéologues pour déduire qu’il s’agit d’un lieu de culte, voire, d’un ‘’temple’’ servant à la nécromancie, culte censé donner les clés de l’avenir en interrogeant les morts ?
Au-delà de la présomption d’intentionnalité, ils se sont appuyés sur des sources écrites pour déterminer les rituels qui pouvaient s’y tenir. Les sources classiques confirment que des rites secrets impliquant la nécromancie et la communication avec les morts pouvaient effectivement avoir lieu dans “un oracle des morts’’.
Ces pratiques rattachées principalement aux ‘’sorcières’’, avaient en priorité lieu dans des tombes ou des grotte funéraires. Elles étaient néanmoins aussi connues pour avoir lieu dans ces sanctuaires dédiés à Hadès et Perséphone. Cela dans des grottes ou à côté de sources d’eau, que l’on croyait être des portails possibles vers le monde souterrain, à travers lesquels les morts pouvaient se lever.
Selon Daniel Ogden, une référence en sorcellerie et fantômes dans les mondes grec et romain, il y avait un oracle local des morts près de presque toutes les villes du monde gréco-romain.
Enfin, la publication de Klein et Zissu indique que la grotte est une étude de cas exemplaire pour « l’archéologie de la magie », une discipline naissante qui se concentre sur les preuves de pratiques magiques et surnaturelles au cours de l’histoire de l’Humanité.
Source Sciences et Vie